En parallèle de notre installation dans cette nouvelle vie
pour nous, nous avons commencé il y a 10 jours maintenant nos missions au
dispensaire.
L'entrée du dispensaire |
Nos premiers objectifs : permettre une meilleure
fréquentabilité de l’établissement, assurer un stock de médicaments suffisant
pour que les personnes qui viennent puissent se faire soigner et acheter les
médicaments sur place sans aller au centre ville. En parallèle, l’objectif pour
le dispensaire est de sortir d’une crise financière telle, que les salaires des
employés n’est pas versé pleinement depuis plus de 6 mois !
Notre quartier est excentré de la ville, tout le monde s’y
déplace à pied, sur terre battue, de temps en temps à vélo et pour les plus
chanceux comme nous, en voiture, depuis hier ! La route est pavée pour une
partie, depuis 2008, grâce au « Père Pascal », un prêtre capucin qui
a permis le début d’essor de ce quartier en construisant un pont, qui le relie à
la ville et cette route pavée (ainsi que la construction du dispensaire, grâce
à l’association AMM).
A chaque cyclone, comme il y a 15 jours, la route est
endommagée, annihilant (ou presque) les efforts fournis pour le développement
de ce quartier.
La main de Noé et un hôte de notre jardin |
Nous sommes heureux d’être dans ce quartier on ne peut moins
touristique où notre présence a du sens. Avec nos enfants qui cherchent à se
lier d’amitié avec tout le monde, avec nos allers-retours à pied durant ces 15
jours, nous avons commencé à rentrer tout petitement dans le paysage de ces
ruelles.
Vous pouvez imaginer combien l’accès aux soins est
primordial ici, par manque de tout et donc pullulation de maladies, de
problèmes dentaires en tout genre ; mais comme la majorité de la
population d’ici ne peut se payer, ni consultation, ni médicament, ils ne se font
pas soigner.
Notre première idée, avec laquelle nous étions arrivés suite
à la lecture d’un article dans le monde du 21 décembre 2017, (merci
maman !) sur un chirurgien malgache et sa femme, travaillant pour 10% de
leur temps, à dispenser des soins gratuits grâce à un partenariat avec une
mutuelle. Nous avons donc contacté cette mutuelle et d’ici quelques jours, le
centre Padre Pio pourra être compté dans les centres affiliés à cette
mutuelle ! Pour vous donner une idée, une consultation médicale coûte
actuellement 3000A (ariarys) au patient, soit moins d’un euro, la mutuelle
prend en charge 70% des frais de ce tarif ainsi que 70% sur les prix des
médicaments. Il ne reste au patient, « plus que » 900 Ar à payer. Le
tarif d’adhésion étant de 30 000 Ar annuellement et couvrant toute la famille,
cela pourrait être une possibilité d’accès aux soins qui nous semble non
négligeable. Comme 80% des gens ici ont mois d’1,60 euros par jour pour vivre,
certaines familles bénéficieront d’une aide financière pour payer les droits
d’adhésion. Grâce à vous !
Ma première patiente suivie pour son accouchement : Santaj |
De mon côté, je prends mes marques au niveau des soins,
encore petitement car il n’y a pas foule ; quelques consultations
prénatales durant la semaine et ma première patiente arrivée mardi pour
accoucher ! Au final, elle est restée avec sa famille toute la semaine
mais n’est pas en travail et n’ose pas rentrer chez elle de peur de se mettre
en travail la nuit et de ne pouvoir revenir ! C’est pourtant un premier
enfant qu’elle attend…Je n’arrive toujours pas à comprendre, probablement une question
de différence culturelle. Ce week-end, le dispensaire est fermé mais elle est
toujours avec sa famille !
A l'heure où j'écris, je reviens de son accouchement : un petit garçon ! Accouchement épique, difficile, réanimation sans matériel, vraiment "à l'ancienne", mais tout le monde va bien. |
Je crois que par rapport à d’autres volontaires, nous sommes
vite dans le bain, peut-être plus en difficultés que d’autres pour ces débuts
car nous sommes vraiment attendus pour que les choses changent, et plutôt
rapidement ! Nous avons eu la chance que 2 infirmières prédécesseurs
Armelle et Marie préparent le terrain et notre venue, avec de nombreux contacts
pris et développés, des pistes à approfondir, une équipe qui nous attend…
Pour autant, pas bien le temps d’observer avant de passer à
l’action. La sage-femme qui travaille ici est à 37 SA, c’est-à-dire que d’ici
moins d’un mois, je serai seule dans le dispensaire, avec le médecin qui est
là, les matinées seulement. Oui, nous n’avions pas été prévenus qu’aucune autre
sage-femme que moi ne serait prévue pour la remplacer ! Je multiplie les
idées pour trouver comment être secondée durant les 3 mois qui suivront son
accouchement car je ne me vois pas être disponible 24h/24h, 7j/7 pour
d’hypothétiques accouchements ! Et sans parler la langue ! Nous
prenons des cours 3 fois par semaine mais dans 15 jours, je saurais dire 4
phrases au lieu de 2 !
En parallèle des temps au centre Padre Pio, nous travaillons
sur un flyer que nous allons présenter aux personnes du quartier en allant
faire du « porte à porte ». Ceci afin de nous présenter et de
présenter les nouveaux domaines d’activité du centre. On évitera dorénavant de
l’appeler dispensaire car les personnes plutôt aisées ne souhaitent pas se
faire soigner dans un dispensaire et notre centre est trop « cossu »
pour ceux qui n’ont que peu de moyens ! Nous optons donc pour
l’appellation de centre de santé.
Jean-Phi a axé ces 15 premiers jours sur le partenariat avec
le centre de santé du centre ville ; ils lui enseignent les techniques de
laboratoire et d’ici quelques semaines, on ouvre le labo de Padre Pio !
Il détaillera lui-même ce qu’il a déjà appris, c’est
passionnant !
Enfin, les contacts sont pris et les travaux commencent
lundi pour rafraichir l’entrée du centre…et notre maison, qui n’avaient pas
encore reçu de locataires au long cours et a besoin de quelques menus travaux.
Jean-Philippe ayant déjà bien avancé dans notre installation.
ps : impossible de charger les photos de notre maison, ce sera pour une prochaine fois!
Tout va bien pour nous, toujours bien fatigués par le rythme
à prendre, toutes ces nouveautés mais toujours beaucoup d’enthousiasme. On
devra ralentir pour tenir le coup mais pour l’instant, on est trop « tout
feu, tout flamme » de voir que les choses avancent dans le bon sens !
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