Voici la
courbe du volontaire.
Le cercle vert montre là où nous en sommes.
Notre moral en a pris un sacré coup cette semaine.
Lors de notre formation avec la DCC, on nous avait
présenté ce schéma. Et ça y est nous y sommes (même si on avait le secret espoir
qu’à nous, cela ne nous arriverait pas) comme tous les volontaires.
Nous avons eu une
vive altercation avec une grosse partie de l’équipe.
En quelques mots, ils nous reprochaient la
création du nouveau projet que Manuela et Claudine avaient débuté sur un
Programme de Nutrition Supplémentaire pour les enfants dénutris. Projet que
nous financions, grâce aux dons que Claudine a reçus. Pour eux, « les
pauvres » ne payaient pas assez, cela ne rapportait pas suffisamment au
dispensaire. Ils préféraient qu’on paye leurs salaires plutôt que de faire un
autre nouveau projet…. Cela ne coutait pas un centime au dispensaire, il n’y
avait pour eux que des rentrées d’argent. Tout le matériel, la nourriture (Koba
Aina) et l’animatrice étaient payés sur les fonds de Claudine avec plusieurs
mois de fonctionnement d’avance.
De plus, ils pensaient que nous prenions dans la
caisse du dispensaire pour financer en partie cela, ce qui n’est pas le
cas !
Je leur ai alors présenté ce que nous avions déjà
financé pour le dispensaire en médicaments, rénovation, achat de matériel, salaires
et même arriérés de salaires.
Ils m’ont demandé d’assurer leur salaire à la fin
du mois pour qu’ils trouvent de la motivation dans les projets que nous
proposons.
Je leur ai répondu qu’en tant que volontaire, je
ne suis pas venu pour payer leur salaire et que je ne pouvais rien promettre ne
sachant pas le nombre de patients qui consulteraient. Depuis, plusieurs mois,
nous travaillons à cela.
Je leur ai fait également remarquer que depuis
notre arrivée, ils étaient tous payés intégralement et qu’ils avaient reçu un
double salaire pour Pâques ! J’ai ressenti beaucoup d’ingratitude !
L’envie de faire ses valises et rentrer était bien
réelle cette semaine.
Bref ! Nous allons remonter progressivement
la pente.
----
Heureusement, Claudine
est là. Rappelons que Claudine est le médecin qui nous a rejoint pour un
mois. Elle nous remonte le moral, nous apporte une bouffée d’air même si elle
partage le même constat.
Que s’est-il passé ce mois-ci ?
Manuela avait préparé la venue de Claudine et dès
le lendemain de son arrivée, toute
l’équipe se formait aux questions de malnutrition et à la préparation de la Koba
Aina (avec l’ONG GRET).
C’est une poudre constituée de plusieurs aliments
(maïs, arachide, riz, fer, iode et 13 vitamines) qui permet une fois reconstituée en bouillie, d’assurer
tous les apports nécessaires à un bon développement staturo-pondéral des enfants
dénutris. En un mois seulement de traitement, on voit déjà une poussée de
croissance. C’est notre premier projet
qui est de l’ordre de la prévention. Et dans ce pays, c’est plus que
nécessaire. Cela répond à une vraie demande car dès le deuxième jour, nous
avions déjà 13 enfants ! Et depuis, tous les jours, une dizaine de
personnes dans la cour attendent. Cela crée de la vie dans ce dispensaire. Le
bouche à oreille marche bien et cela a pour conséquence d’augmenter la
fréquentabilité du centre.
---
Autre projet : le financement par AMM de l’incinérateur pour pouvoir brûler, comme
l’exige la loi, nos déchets de santé. Il est terminé et fonctionne à merveille.
C’est vraiment un plus dans la rigueur dont le dispensaire a besoin. Nous adressons
un immense MERCI à AMM. Merci
également à Vincent Pirritano qui a piloté à distance le projet et à éviter des
erreurs dans la construction.
---
Nous avons passé une annonce sur la radio catholique pour le dispensaire pendant deux
semaines. Nous y faisons la « publicité » de tout ce que nous
proposons au dispensaire, ses horaires d’ouverture ainsi que ses nouveaux
projets.
Nous nous sommes renseignés à la mairie pour l’installation de panneaux signalétiques
et nous allons en installer à deux endroits stratégiques de la ville.
---
Une de nos deux préparatrices en pharmacie s’en va,
Basilisse, présente ici depuis la construction du dispensaire ; elle a
réussi son concours d’entrée dans la fonction publique administrative.
Une des
deux nouvelles sages-femmes voit son contrat en période d’essai arriver à terme
et va pouvoir se reposer pour accoucher un mois plus tard, en juillet…
Il faut
donc réfléchir à une nouvelle façon de procéder pour continuer d’ouvrir tous
les jours et toutes les nuits tout en respectant le code du travail malgache.
J'ai rencontré d’ailleurs le RH du CERES ce lundi pour qu’il m’aide à ce
sujet.
---
Enfin, je souhaite envoyer les deux sages-femmes
restantes, se former aux techniques de laboratoire pour que cela ne repose pas
que sur moi. Elles sont d’ailleurs très motivées pour apprendre. Les plannings
ne sont donc pas simples à créer.
---
Une bonne nouvelle est le nouveau partenariat mis
en place avec les enfants du CERES
dont nous vous avions parlé le mois dernier. Tout s’est très bien passé. Les jeunes,
les professeurs qui les accompagnaient étaient ravis. Ils ont beaucoup apprécié
les temps d’intervention sur les thèmes d’éducation affective et sexuelle que
nous avons lancés la première fois et que les collègues sages-femmes ont
ensuite repris.
---
Côté ADSL,
le projet est en cours, nous avons des familles intéressées et j’ai fourni
les plans de repérage ainsi que les coordonnées de chacun à Telma. Ils doivent
maintenant étudier la faisabilité par rapport au coût qu’ils engagent de leur
côté (1/3 à leur charge). L’agent m’a expliqué que l’année dernière, il y avait
déjà eu une demande qui a été refusée par Telma. Cela devrait prendre du temps
désormais car il m’a confié que cela allait « trainer »…
---
Ce mois-ci,
tous les employés ont été payés malgré d’importantes factures de médicaments
médicaux et dentaires. L’activité est importante. C’est pour nous
encourageant.
---
Nous allons dorénavant passé dans une deuxième
phase de notre coopération, qui est celle de la pérennisation des projets en cours. Nous restons sceptiques quant à
ce deuxième versant. Un des points de vue partagé par les autres coopérants vivant
dans la même ville que nous est que si un vasaha n’est pas à la tête d’un
projet pour le diriger, les projets finissent par capoter… Et c’est un constat
amer. Je ne pensais pas un jour penser cela.
---
Le directeur ayant été encore absent pendant plus
de deux semaines, nous avons à nouveau « tout » géré au dispensaire…
Il est également le responsable de sa communauté
de capucins et depuis une semaine l’économe car ce dernier s’en est allé à Tana
(voulant fuir la trop grande responsabilité qui lui incombait dans sa
communauté)… Autant vous dire que sa présence se fait rare et qu’il a grand
besoin d’aide, ce que nous assurons avec Manuela pour le moment, mais
après ?
Nous avons cherché de l’aide du côté du Centre de
Santé Diocésain dont nous dépendons mais sans grand succès. Nous cherchons
encore.
Nous allons dresser une liste de ce que nous
faisons au quotidien, afin de dresser un profil le plus juste possible d’une
personne qui pourrait prendre notre suite.
---
Une autre très bonne nouvelle est la réception hier
soir de notre échographe au
dispensaire !!!
Nous vous adressons encore un grand merci : l’équipe est aussi enchantée que nous !
Pendant le transport, il a été endommagé sur sa
coque mais tout fonctionne à merveille.
Pendant le premier mois, nous allons faire un prix
attractif pour les échos anténatales puis ensuite un coût moindre par rapport à
d’autres endroits en ville, histoire encore d’augmenter l’activité. Je formerai
ensuite les sages-femmes à son utilisation et nous le louerons à des
spécialistes qui ont besoin d’un doppler.
---
Lors de cette crise le père Cyrille a reconnu une
part de responsabilité dans le manque de communication et s’est engagé à mieux
le faire. Les réunions hebdomadaires
que nous avons initiées il y a quelques semaines permettent désormais à
l’équipe d’être au courant, de s’approprier les projets, d’exposer leurs idées
et de remonter les appréhensions ou ce qui ne va pas.
---
Manuela dont sa qualité à créer du lien n’est plus
à démontrer pour ceux qui la connaissent a organisé un repas d’équipe lors d’un midi où toute l’équipe était
conviée. Elle nous a cuisiné de formidables lasagnes.
---
Depuis quelques temps, nous rencontrons des
familles démunies n’ayant pas d’argent pour se soigner. Pour ces familles les
soins sont gratuits et les médicaments à la charge du dispensaire. En contre
partie, Manuela a proposé (afin de ne pas être dans l’assistanat) de rendre un service en échange. Et cela
fonctionne bien. Ils viennent quelques heures pour travailler (nettoyage de
fond du dispensaire, jardinage, entretien,…). Cela semble convenir à tout le
monde.
---
La fête des
10 ans approche à grand pas (le 9 juin). Ils semblent commencer à s’y
préparer. Tout se fait dans les dernières 48h ici : c’est bien
déboussolant pour nous français ! Ce sera une porte ouverte pour que la
population (re)découvre le dispensaire et ses équipements de qualité. Il y aura
des stands de nourriture, de boisson, de jeux, de la musique, etc. Le 8 juin,
nous proposerons 10 circoncisions
gratuites aux personnes les plus démunies et la consultation dentaire sera gratuite.
Enfin, il y
aura une quarantaire de personnes qui
seront invitées à un repas.
Comme vous pouvez le lire, nous ne nous ennuyons
toujours pas et malgré le moral en berne, la mission reste passionnante car
nous rencontrons énormément de personnes intéressantes et les projets que nous
menons nous animent parce qu’ils sont orientés vers les plus pauvres.
pleins de pensées...
RépondreSupprimerHâte de vous revoir.
Nico et Nath
Bonjour je tombe par hasard sur cet article et je me reconnais dans les 1eres lignes. Je suis en vsi au Congo avec mon mari et mes 2 enfants. Même problématique au niveau financier et je me suis pris la tête avec tout le monde semaine dernier. Merci pour votre récit. Cordialement. Antoine
RépondreSupprimer